Au-delà de l’immense soulagement d’être débarrassé de la coterie ultra-droitière, quelques
considérations sur l’avenir de « la Gauche ».
Dans
la logique du système consulaire mis en place depuis la réforme
Jospin-Gauche plurielle
(quinquennat – législatives après la présidentielle), alors que
presque la moitié des électeurs font la grève des urnes, et qu’un
cinquième vote Front national, le piège de la bipolarisation à
l'américaine s’est refermé sur les partenaires éventuels du Parti
socialiste. Aux législatives, le choix entre Parti socialiste et U.M.P
est apparu comme le seul pertinent à la majorité des
électeurs.
Le score des écologistes est plus que décevant. Ils ne doivent leurs élus et leurs ministres qu’à un
accord pré-électoral, qui les assujettit à leur allié.
Les
ambitions du Front de Gauche n’ont pas été satisfaites : ses candidats,
à 80 % communistes,
n’ont pas bénéficié de l’effet Mélenchon. Dans un contexte de luttes
défensives généralisées, beaucoup de ses électeurs de la présidentielle
ont préféré assurer le moindre mal : un PS qui
limiterait la casse. Pis, ce PS s’est employé à bouter les députés
PC (dans la ligne, ou réformateurs) hors de leurs bastions populaires
traditionnels et sociologiquement en mutation : les
résultats du 93 ou d’Ivry en témoignent. Le Front de Gauche a donc
perdu son pari de gagner un nombre de députés suffisant pour peser sur
un PS n’obtenant pas la majorité
absolue.
Par ailleurs, François Bayrou est hors jeu.
Le
nouveau président et son parti ont donc les moyens de décider seuls, et
ils ne s’en priveront pas.
On connaît leur programme, qu’ils ont présenté comme non négociable.
On connaît moins, ou mal, les modalités de son application,
particulièrement en matière sociale, économique, financière,
écologique.
Nul
doute que, dans les mois à venir, ces modalités d’application seront
douloureusement reçues si,
comme on peut le craindre, elles s’inscrivent dans la logique des
exigences européennes, et dans l’allégeance aux lobbies de « décideurs »
capitalistes.
Les
écologistes se sont interdit d’avance toute atteinte à la solidarité
ministérielle. Les députés du
Front de Gauche, presque tous communistes, se présentent en soutien
critique de la majorité. Mais, de toute façon, la majorité n’a pas
besoin d’eux. Reste à savoir comment ils seront les
porte-parole des millions de Français exaspérés qui vivent dans
l’insécurité sociale, la gêne, voire la misère, et comment, sur des
positions de classe, ils seront porteurs de propositions
claires et mobilisatrices. Reste à savoir aussi, et peut-être
surtout, si ce FdG demeurera une alliance électorale attractive entre
partis gardant leur spécificité, ou s’il veut se substituer, en
tant que nouveau parti, aux partis qui le composent, et en
particulier à un PC menacé d'éclatement, ou de disparition. L'expérience
de Die Linke et de Izquierda unida ne semble pas à cet égard
bien concluante.
René MERLE
http://rene.merle.charles.antonin.over-blog.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire