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mercredi 12 novembre 2014

Que maudite soit la guerre

Ne plus se retrancher derrière la légende.
Gloire à nos glorieux poilus, héros malgré eux d'une affreuse boucherie, d'une barbarie absurde et inhumaine. Les roulements de tambour, les discours martiaux ou lyriques vont nous faire croire, l'espace d'un centenaire qui ne va pas finir, qu'il y avait de la noblesse et de la beauté dans ce charnier. Une fois encore, les drames individuels, la souffrance des hommes au front, le désespoir des femmes et des enfants à l'arrière, passeront au second plan derrière la rigueur martiale.
J'entends encore malgré moi Monsieur Antoine Prost, responsable des commémorations du centenaire, se rengorger en déclarant de manière bien péremptoire : « On a gagné la guerre … ! » Version des plus discutables et usage totalement déplacé de ce « On » qui ne nous appartient pas.
La seule certitude dans ce carnage des carnages, c'est qu'ils furent nombreux à avoir perdu la vie ou la raison, la santé et l' intégrité physique, leur jeunesse et leurs espoirs, leurs nuits et leurs rêves. Ceux qui en sont revenus vécurent des cauchemars sans nom mais gardèrent par leur silence, les images effroyables qui hantèrent leurs nuits.
Non, messieurs les politiques, toujours prompts à exploiter la fibre nationale, à magnifier les exploits et à vendre l'invendable, cette guerre ne fut pas grande. Jamais l'humanité ne s'était vautrée dans autant de bassesse et de boue, de peur et de merde, de sang et de folie. Il faut appeler un chat un chat, messieurs les enjoliveurs de l'effroi : cette guerre est une parfaite abjection et lorsque l'armistice résonna, l'ennemi était encore sur le territoire français : la belle victoire que voilà !
La grande victoire qu'une paysannerie décimée. Les campagnes françaises sacrifiées, ces enfants envoyés à la mort pour le plaisir et la gloire de quelques généraux dont certains hériteraient du grade de maréchaux sur des torrents de sang et de larmes. Les bouseux envoyés dans les tranchées, terrés comme de bêtes, suivirent docilement , nous dit-on, des instituteurs programmés pour la revanche de 1870.
C'est insupportable de bêtise et de d'horreur ! Jamais je ne passe dans un petit village sans aller lire la longue et interminable liste des sacrifiés. Des familles détruites, des vies fauchées pour un combat absurde qui dépassaient ces pauvres gars saoulés de vin et d'alcool au moment du sacrifice suprême.
Comment ne se sont-ils pas révoltés davantage ? Comment ont-ils accepté leur fin si certaine ? Ce sont là les vraies questions que les cérémonies ne poseront jamais. Si ce centenaire était enfin l'occasion de réhabiliter les courageux, les rebelles, les visionnaires qui avaient décidé de s'opposer à ce massacre, il ne serait pas, pour une fois, vain. La seule grandeur qui soit est de déclarer son refus de la Guerre, de cesser de parader avec le drapeau en tête et cette Marseillaise si belliqueuse qu'elle m'en donne la nausée. Comment être une nation prétendument civilisée avec un hymne national aussi primaire, aussi sanguinaire ? La grandeur une fois encore serait d'en changer les paroles pour enfin devenir vraiment la patrie des droits de l'homme et du citoyen.
Les défilés iront dans un tout autre sens. La gloire posthume des sacrifiés est un bien piètre réconfort. Il n'y eut aucune grandeur dans cette guerre mais simplement des hommes qui se sont conduits admirablement pour sauver un camarade, pour porter secours à un blessé, pour porter le ravitaillement sous un feu imbécile et imprécis.
La grandeur était dans ces hommes et non dans une armée dépassée, monstrueuse, délirante et c'est encore cette armée qui va, sabre au clair et au pas cadencé, célébrer la plus abjecte séquence de notre histoire. C'est à vomir ! Gloire aux sacrifiés et mort à toute Guerre !
Pacifiquement leur.
NABUM AGORAVOX


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